Le Pelvoux ou comment toucher la Barre des Ecrins du bout du doigt

Le Pelvoux ou comment toucher la Barre des Ecrins du bout du doigt

6 montagnards venus de toute l’Europe et désireux de voir le plus haut sommet des Ecrins sous un autre jour :
Flavien, Greg, Julien, Marie, Raphaël et Sam

Bien que loin de s’être lassés d’admirer la Barre des Ecrins depuis le refuge éponyme, nous prenons tout de même la décision de changer de point de vue.
Habitués à emprunter le sentier permettant d’accéder au Glacier Blanc, depuis le Pré de Mme Carle, nous avions tout loisir d’observer une majestueuse montagne omniprésente dans notre dos.
Nous allons, en ce week-end de l’ascension 2022, nous attaquer à cette montagne précitée, le Mont Pelvoux. Ce sommet sera notre prochaine destination ! Nous grimperons la Pointe Puiseux (la plus haute de ses cimes) à 3943 m, par le Couloir Coolidge.

Le nom Pelvoux vient de l’occitan pelve, qui signifie « haute montagne ».
Longtemps considéré comme le plus haut sommet du massif et de toutes les Alpes françaises (avant l’annexion de la Savoie), le Pelvoux est une immense montagne de neige et de roc, un véritable massif à lui tout seul. C’est parce que, de la vallée de la Durance, sa masse imposante cache une bonne partie du massif des Écrins – dont son point culminant, la Barre des Écrins – que le Pelvoux était pris pour la plus haute montagne de la région et cela explique aussi pourquoi il a longtemps donné son nom au massif tout entier.

Le Mont Pelvoux comprend quatre sommets assez individualisés :
– la Pointe Puiseux (3 943 m, point culminant), la Pointe Durand (3 932 m), le Petit Pelvoux (3 753 m), les Trois Dents du Pelvoux (3 683 m).

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Marie et Raphaël sont partis de Liège (Belgique) dès le jeudi 26 mai et s’arrêteront le soir dans la « résidence secondaire » de Julien à Albertville en Savoie. Ils feront route commune le vendredi matin 27 vers le hameau d’Ailefroide (commune de VallouisePelvoux, Hautes-Alpes) en passant par le mythique col du Galibier.

Flavien partira en train de Paris et arrivera en gare de Grenoble en fin de matinée où il sera récupéré par Greg le local de l’étape. Même destination, bien entendu, pour les deux comparses, en passant par le col du Lautaret. Ils prendront au passage Sam, l’habituel résident Suisse qui a établi ses quartiers à Serre-Chevalier pour la semaine.

Tout ce petit monde se retrouvera sur le parking, à l’altitude annoncée de 1512 m, vers 14h00. Une fois équipé et les sacs vérifiés, à 14h30 c’est le départ pour toute la troupe vers le refuge du Pelvoux ! Il fait très chaud en cette fin mai 2022 dans les Ecrins mais heureusement le sentier, pendant une bonne partie, offre une pente très modérée tout en longeant le torrent de Celse Nière, qui apporte une fraicheur bien appréciable.

Nous croiserons 2 chamois sur le parcours qui … ne prendront pas la fuite à notre vue. Chose très étonnante. L’habitude de croiser des randonneurs ? La sérénité d’être dans un parc national et donc non chassés ? Ils ne nous auront pas apporté de réponse !

Le gardien nous avait prévenu qu’il n’y aurait pas d’eau au refuge (sauf en bouteille et commercialisée) et qu’il fallait se ravitailler à la « Source Puiseux » vers 2000 m. C’est ce que nous ferons. Dernière pause fraicheur des plus agréables et – surtout – nécessaire avant la raide montée finale vers le refuge ! Nos cardios sont mis à rude preuve avec nos sacs bien chargés.


Nous arrivons au refuge du Pelvoux entre 17h et 17h30 (selon la forme du moment !). Le refuge, perché à 2704 m, ne se découvre qu’au dernier moment.

À l’emplacement de l’actuel refuge, une première bâtisse maçonnée fut construite par le Club alpin français (CAF) en 1877, le refuge de Provence (du nom de la région d’où venaient les brebis qui paissaient aux alentours l’été). En 1892 lui succède un refuge en bois qui prend le nom de refuge Lemercier, du nom de l’un de ses financeurs et dirigeant du CAF. Ce refuge est remplacé en 1962 par l’actuel refuge du Pelvoux.

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C’est l’ouverture de la saison pour celui-ci et il n’a pas pu être ravitaillé (par hélicoptère). Si cela limitera le choix des boissons houblonnées pour l’apéro, le personnel aura le mérite de proposer un bon repas, malgré tout, le soir ! Bravo à eux ! Tout le monde (ou presque) se couchera de bonne heure. Afin de récupérer de la montée du jour et – surtout – de se reposer avant l’intense journée qui nous attend le lendemain !


Lever à 2h45, petit déjeuner à 03h00 et départ du refuge à 03h30. Autant le dire, l’attaque du sentier permet d’être de suite dans le vif du sujet ! Une petite barre rocheuse s’offrant à nous 5 (Marie n’étant pas équipée, elle restera au refuge et pourra se réveiller bien plus tard !) quelques dizaines de mètres à peine après avoir quitté le refuge !

Le rythme est constant et la montée régulière. Dès le 2nd névé (le 1er étant situé sous les séracs du Glacier du Clot de l’Homme) nous enfilons nos crampons, que nous ne quitterons plus jusqu’au sommet. Nous sommes à 3000 m d’altitude. Grâce à un regel très correct nous progressons à une très bonne allure. Seule l’ascension d’une petite barre rocheuse, agrémentée de filets d’eaux provenant de la fonte des neiges, faisant vraiment office d’obstacle.

Nous ferons une courte pause, une fois la Bosse de Sialouze (3229 m) atteinte. Il fait encore nuit mais le soleil commence déjà à illuminer les Alpes italiennes dans notre dos, à l’Est.
Débute alors l’ascension vers le Couloir Coolidge.
2 cordées sont formées avant l’attaque du couloir : Julien et Greg pour l’une. Sam, Flavien et Raphaël pour l’autre.

Le Couloir Coolidge est fidèle à ce que l’on a pu en lire, à savoir qu’il est raide (40 à 45°) et demande un effort soutenu. Par bonheur le niveau d’enneigement reste correct (même si d’après le gardien du refuge, il correspond à celui de la fin juin !) et le regel a été plutôt bon. Nous cramponnons donc bien, ouf !

Malheureusement ce couloir, et la débauche d’énergie qu’il demande, aura raison de Flavien que l’on abandonnera à regrets vers 3700 m. Nous ferons le sommet sans lui, partie remise cependant en attendant le prochain !

Une fois le haut du couloir atteint et, donc, le plateau sommital du Mont Pelvoux, les derniers mètres se font sans encombre. A l’exception de quelques trous que cette neige étonnante du mois de mai (!) nous réservera et des efforts que demandent, malgré tout, la marche à quasiment 4000 m, le sommet s’atteint aisément. Il est 07h30.


Le point culminant de ce Mont Pelvoux, la Pointe Puiseux à 3943 m, offre une vue magnifique sur les Ecrins et sur les Alpes (françaises et italiennes) en général. Le 360 est saisissant. Les sommets du coin s’offrent à nos yeux (Pointe des Boeufs rouges, Les Bans, le Giobernney, l’Ailefroide, le pic Coolidge, la Barre des Ecrins, la Meije, …) ainsi que les sommets des Grandes Rousses, de la Vanoise, du Mont-blanc, de l’Italie, …


Il est temps de redescendre. Ce n’est pas tant la météo (excellente au sommet où n’avons pas eu froid du tout, à 3943 m un 28 mai !) que les conditions de passage du Couloir Coolidge, en milieu de matinée, qui nous font quitter la cime de la Pointe Puiseux.

Sur le plateau, la neige commence à se transformer doucement. Cette dernière n’étant déjà pas en condition printanière ! Nous ne trainons pas. Quelques cordées sont aperçues bifurquant vers le Glacier des Violettes pour entamer une variante pour la descente. C’est ce qu’on appelle la traversée du Pelvoux. Ce sera pour une prochaine fois, maintenant que nous connaissons mieux les lieux.

Le Couloir Coolidge se descendra dans des conditions correctes. Nous effectuons une désescalade sur les passages les plus pentus. Tout en observant déjà des pierres, émergeant de la neige, qui ne demandent qu’à quitter leur précaire stabilité. Dans quelques semaines les conditions auraient été tout autres !

Nous retrouvons avec plaisir Flavien, au niveau de la Bosse de Sialouze (3229 m). Nous nous désencordons et repartons dans cette neige devenue « soupe ». La progression est de plus en plus pénible malgré ce soleil et ciel bleu. C’est avec bonheur que nous franchissons le dernier névé (celui situé sous les séracs du Glacier du Clot de l’Homme) et enlevons nos crampons ! Le reste de la descente, vers le refuge du Pelvoux, s’effectuera alors dans de biens meilleures conditions.

Nous arrivons tous les 6 (Marie nous ayant rejoint sur le sentier) au refuge du Pelvoux vers 11h30 (8h00 après notre départ).


Le plaisir d’enlever ses « grosses » (chaussures d’alpinisme) ne se dément clairement pas ! Les crocs aux pieds, plus de sac sur le dos, le soleil, nous sommes prêts pour l’apéro ! Nous le prendrons sur la terrasse du refuge. Nous profitons pleinement de cette pause bien méritée et tellement régénératrice.

Il est malheureusement déjà temps de quitter ce lieu de réjouissance. Flavien, Greg, Julien et Sam laissent Marie et Raphaël profitez de quelques instants supplémentaires au cœur des Ecrins, et entament le retour au parking. La descente si elle ne sera pas longue d’un point de vue horaire paraitra interminable (comme beaucoup de descente post-sommet me direz-vous).

Nous serons accompagnés sur celle-ci par Chloé et Sabrina avec qui nous avons sympathisé. Elles prendront, avec nous, un verre suivi d’un plat à Ailefroide en fin d’après-midi. Puis nous nous quittons vers 18h00.


Nous étions venus voir la Barre sous un autre jour, nous serons restés émerveillés par ce qu’offre ce Mont Pelvoux ! Un sommet des Ecrins qui se mérite. Accessible sans être facile (attention aux conditions de passage du couloir Coolidge selon la période), il permet un panorama époustouflant sur les sommets des Ecrins.

Nous reviendrons dans le secteur, il va s’en dire ! L’Ailefroide nous attire et cette Barre ne semblait vraiment pas loin … 😎


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