Dav Max : Au-delà d’un Dôme du tonnerre

Dav Max : Au-delà d’un Dôme du tonnerre

2 grenoblois qui veulent monter au dessus de 4000 mètres pour anticiper la canicule et espérer trouver un peu de fraicheur là-haut :
David et Greg

C’est surtout que l’un des deux protagonistes visait son 1er « 4000 ». Il a donc fallu chercher et trouver le « 4000 » adéquat dans cette quête !
Ceux du Valais Suisse paraissaient trop loin, le Mont Blanc un tantinet élevé pour un 1er 4000 , le Mont-Blanc-du-Tacul onéreux (65 € le téléphérique de l’aiguille du Midi sans bière au refuge), le Grand Paradis italien complet de par ses 2 refuges (Victor Emmanuel 2 et Chabod) … restait donc le Dôme de neige des Ecrins et la Face Nord des Grandes Jorasses. Ce fut un choix cornélien et après des dixièmes de secondes de réflexion l’option retenue fut … (roulements de tambour) le Dôme de Neige des Ecrins !

La première ascension du Dôme des Écrins est réalisée par Emmanuel Boileau de Castelnau avec Pierre Gaspard et son fils le 21 juillet 1877.
Localisé au pied de la Barre des Écrins (4 101 m d’altitude), le Dôme des Écrins intègre un cadre naturel diversifié. Il surplombe le parc national des Écrins et la réserve naturelle du torrent de Saint-Pierre, créés tous deux en 1973. Chamois, bouquetins des Alpes, marmottes, hermines et renards roux y croisent parfois la route du loup gris et du lynx boréal.
Vous pourrez trouver tout au long de l’ascension du Dôme des Écrins, plus de 2 000 espèces végétales qui tapissent les sols des prés et des bois à l’instar du chardon bleu des Alpes, du sabot de Vénus, de l’edelweiss et du génépi.

https://www.hardloop.fr/article/616-ascension-du-dome-des-ecrins-tout-savoir

Ce « 4000 » semble parfait pour un baptême. Oui « semble » … qui n’a jamais fait d’erreur dans sa vie ?! 😋

Rendez-vous à 07h00 précises sur Grenoble pour les 2 ambitieux alpinistes. Départ à 07h15 (le temps de se réveiller), arrêt ravitaillement (repas du midi) chez « Lili Croustille » à Vizille, nous arrivons au Pré de Mme Carle (1845 m), fond de vallée de la commune de Vallouise-Pelvoux dans les Hautes-Alpes, à 10h15. Nous nous changeons, vérifions nos sacs et nous nous élançons en direction du refuge du Glacier Blanc (2542 m) à 10h30.

Nous atteindrons celui-ci à 12h15, soit en 1h45, et profitons du cadre exceptionnel qu’offre ce refuge ! Ce n’est qu’à 13h00 que nous (re)prendrons le sentier du refuge des Ecrins. Changement d’ambiance. Nous passons du chemin de grande randonnée à une montée vers un refuge de haute-montagne. L’itinéraire peut se raidir par moment, on doit parfois poser les mains et – surtout – on doit passer par le Glacier Blanc. Celui-ci se grime en un gigantesque labyrinthe de glace nous obligeant à serpenter à travers ses crevasses. Ludique dans un 1er temps, cet exercice peut vite se révéler épuisant par la suite. Nous recherchons continuellement le meilleur itinéraire dans un dédale de pièges fomentés par ce glacier en perpétuel mouvement.

Nous retirons nos crampons après avoir quitté le glacier et être arrivés sous le refuge. Les derniers 100 mètres à gravir se feront sur un terrain scabreux qu’il est préférable d’emprunter en montant et non en descendant. Nous arrivons au refuge des Ecrins (3170 m) à 15h45.


Celui-ci, perché sur son éperon rocheux, offre une vue incroyable sur le bassin glaciaire ! Notre regard étant, comme par un magnétisme que l’on ne saurait expliquer, attiré vers le Sud-Ouest et cette image de carte postale qui s’offre à nos yeux : la Barre et le Dôme de neige des Ecrins. Les deux « 4000 » que comptent le massif.

Il a beau être un refuge de haute-montagne, donc difficilement accessible, il n’en reste pas moins une grosse structure en terme de capacité d’accueil. Il fera le plein ce soir-là, samedi 09 juillet 2022.

Damien et son équipe sont aux petits oignons avec leurs pensionnaires d’un soir. L’accueil, le repas et les conseils pour les courses du lendemain sont parfaits. Le couchage très bon (oreiller et couette) dans les 5 dortoirs du refuge.


Lever à 03h00 du matin. Le départ s’effectuera à 03h40. La descente jusqu’au Glacier Blanc ne posera pas de problème, contrairement à nos craintes de la veille. Nous nous équipons (crampons, baudrier) et nous nous encordons. Il est 04h10, direction le Dôme !

La 1ère partie de cette ascension s’effectue en pente douce dans le calme de la nuit dans laquelle est plongé le Glacier Blanc. Cela a le mérite de permettre un réveil en douceur ! Nous atteignons le pied de la Face Nord de la Barre à 05h10. Nous rallongeons la longueur de notre encordement, les crevasses étant présentes sur la voie et les ponts de neige fragiles au dessus de celles-ci. Après avoir sorti nos piolets, nous nous engageons dans la pente qui devient rapidement (très) soutenue.

Nous ne trainons pas et conservons toujours un bon rythme. Quelques crevasses jalonnent le parcours. Les pont de neige n’incitent pas à un excès de confiance sur 3-4 d’entre-elles ! Si nous pensons que la course ne pourra plus se faire dans quelques temps, une fois que ces derniers auront lâché, il est surtout question de savoir si ils tiendront lors de notre retour !

Nous atteindrons l’extrémité Est vers 07h10, ce après avoir été confronté à la 1ère difficulté de la journée. La bosse permettant l’accès à la traversée sous la Barre est en glace ! Nous prendrons la décision de ne pas traverser cette bosse mais de la grimper à la verticale.

Nous redescendons ensuite quelques mètres, qui ne seront pas forcément des plus évidents, afin de reprendre pieds sur la bonne trace. Progression qui redevient alors efficace. Ce jusqu’à la rimaye présente sous la Brèche Lory. Là-encore la glace apparente nous oblige à redoubler de vigilance. La Brèche Lory atteinte il ne nous reste plus que quelques dizaines de mètres à parcourir avant le sommet. Forcément sur ceux-ci nous retrouvons … de la glace !


Le sommet est atteint à 08h10, 4h30 après notre départ du refuge des Ecrins.

4015 mètres, sommet du Dôme de neige des Ecrins, le second plus haut sommet du massif éponyme. Le premier étant la Barre des Ecrins, 4102 mètres. Celle-ci est d’ailleurs très proche, notre belvédère ne pouvant nous offrir meilleure vue !

Nous dominons le Glacier Blanc et les sommets l’entourant (Roche Faurio, Pointe Louise, Pic de neige Cordier, Pic du Glacier Blanc, Montagne des Agneaux, …). Notre vue s’étend jusqu’au Mont Blanc, le Cervin et tous les sommets des Ecrins (Meije, Pelvoux, Pic sans nom, Ailefroide, Pic Coolidge, …)

Nous nous sommes mis à l’abri du vent, il fait très bon là-haut ! Mais les conditions du moment, et de la haute-montagne en général, ne permettent pas le luxe de rester trop longtemps au sommet. Après 20 minutes passées sur celui-ci il nous faut redescendre.


Si la première partie en glace, rencontrée sur le retour, se fera en désescalade sans poser de points de protection, il n’en sera pas de même pour les deux autres zones « sensibles ».

Nous poserons 4 broches à glace pour celle située entre la Brèche Lory et la rimaye du glacier, afin de nous sécuriser. La traversée sous la Barre des Ecrins, nous offrira un agréable moment de repos … avant d’attaquer la plus grosse difficulté de la journée ! La traversée de la bosse à l’extrémité de l’arête Est de la Barre, étant des plus risquée – chute interdite – nous poserons 6 broches au total. Tout se passera bien, la preuve en est cet article (!), et nous descendrons la face Nord en faisant très attention sur les franchissements des crevasses.

Nous arrivons aux pieds de la face à 11h15.


Il nous reste encore la longue descente du Glacier Blanc à effectuer. Il faut redoubler de vigilance sur celle-ci. Les ponts de neige sont nombreux. En suivant la trace, présente en rive gauche du glacier et qui passe sous le refuge des Ecrins, Greg verra par 2 fois sa jambe s’enfoncer jusqu’au genou, une fois pour David. Le clou du spectacle sera quand Greg marchera sur une plaque qui craquera à son passage, le faisant trébucher dans une poche d’eau. Seule sa tête sera épargnée, le reste du corps trempé ! Il ne sera pas resté longtemps à profiter de ce bain glaciaire. 🥶 Heureusement il fait très chaud ce jour-là.

Reste que les 2 compagnons de cordées décident de quitter la trace de la rive gauche et se dirigent un peu plus vers le centre du glacier, dans le « labyrinthe » de crevasses. Pénible mais bien plus sécurisé comme itinéraire !

Plus rien n’arrivera, nous quittons le glacier, pouvons nous désencorder et nous déséquiper. Le refuge du Glacier Blanc sera dès lors rapidement atteint. Nous y effectuerons une pause salvatrice.

Vient alors la descente finale vers le parking du Pré de Mme Carle. Pour ne rien vous cacher la fatigue est là, les pieds commencent à faire mal, les dernières minutes paraissent une éternité. Et c’est avec le plus grand BONHEUR que nous rejoignons la voiture un peu avant 16h00 ! Nous pouvons enfin enlever nos « grosses » et nos vêtements de montagne.

La 2ème joie de la journée après celle de notre arrivée au sommet ! 😅


C’est en se restaurant à « La P’tite Dalle » (frites maison !), au hameau d’Ailefroide, que nous prenons conscience du parcours que nous avons réalisé. La course que nous venons d’effectuer n’est pas la simple randonnée glaciaire qu’elle semblait être, à la vue des conditions rencontrées !

Une bien belle sortie malgré la fatigue apparente en tous cas. Bravo à David pour son 1er « 4000 » qui devrait lui laisser de sacrés souvenirs !

Nous reviendrons forcément dans le secteur pour réaliser un sommet très proche du Dôme de neige des Ecrins ! 😉


Liens utiles :

Les commentaires sont clos.